Il y a toujours eu en France et ce depuis les années 90 une scène noise prolifique et inspirée. Influencée on ne va pas se la cacher par une scène américaine alors à la conquête du vieux continent en la personne de Unsane, Helmet, Jesus Lizard, Neurosis ou Sonic Youth…On assiste alors à l’émergence de formations majeures telles que Condense, Prohibition, Portobello Bones, Bästard ou encore Doppler. 

Sleeppers faisait également partie de ces fers de lance du noise rock hexagonal. Seulement, après 30 ans de bons et loyaux services, et alors que leur huitième album était annoncé, les Bordelais se sont subitement séparés fin 2019. Assez vite, Mammouth – leur guitariste-chanteur – a décidé de poursuivre de son côté ses explorations sonores.

Deux ans plus tard débarque donc le premier EP de ce tout nouveau trio dénommé ANT NEBULÄ, chez qui on retrouve d’emblée la patte de l’ex-Sleeppers : riffs de guitares corrosifs et mélodies dissonantes, changements de rythme, purs soli noise rock, chant généralement éraillé à la Chris Spencer (Unsane, Human Impact)… Les différences les plus remarquables se trouvent du côté des fûts – la frappe étant un peu plus typée métal – et de la structure plus progressive des morceaux. D’ailleurs, sur LovE vs 3volE et Big Crush, les plans de batterie – et même de percussions – rappelant Danny Carey, comme les guitares tantôt aériennes, tantôt rugissantes nous invitent en contrées Tooliennes.

On retrouve aussi les penchants électroniques de Mammouth au travers de samples savamment intégrés çà et là, quand, sur Brainwashers, le combo mâtine son noise rock d’indus métal et de punk rock. Fragment – qui aurait très bien pu figurer tel quel sur un album de Sleeppers – clôture l’album avec un riff pachydermique façon Meshuggah, suivi de triturations bruitistes qui donnent le sentiment d’être immergé en plein final d’un concert noise rock.

 

Pour un premier opus, Ant Nebulä a mis la barre très haut, aussi bien en termes de compositions que de production (que l’on doit d’ailleurs à Stéphane Schott, bassiste du groupe et patron du studio Lyynk), et risque fort de ravir aussi bien les fans de Sleeppers restés sur leur faim, que tout autre amateur de noise rock.